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Redécouvrir le Tavaillon :
un savoir-faire Alpin

Tavaillon Alpes

Pendant mes vacances cet été, lors d’une randonnée au détour d’un sentier, je suis tombée sur une superbe bâtisse (juste à côté du monastère de la Grande Chartreuse). Ce qui m’a immédiatement frappée, c’est son énorme toit couvert de tuiles de bois (le tavaillon). 

Intriguée par cette technique de couverture traditionnelle des Alpes, je me suis penchée sur son histoire et ses secrets. Dans mes recherches, j’ai trouvé un reportage fascinant que je vous partage à la fin de cet article.

Installez-vous confortablement, et laissez-moi vous raconter cette technique passionnante !

I. Tavaillon ou Tavillon ?

Ces deux noms désignent, vous vous en doutez, la même technique. En Suisse, on parle de “tavillon” tandis qu’en France, le terme utilisé est “tavaillon”.

Cette technique ancienne de couverture en bois est solidement ancrée dans l’histoire de l’architecture alpine. Les bardeaux les plus vieux ont été retrouvés dans le lac de Neuchâtel datent de 2500 av. J.-C. !

Dans le reportage, on apprend aussi que les toits avaient, selon la région, une fonction encore plus importante que se protéger : récupérer l’eau. En effet, dans le Jura, les toits étaient souvent énormes pour récolter l’eau, avec de grands chéneaux menant à des citernes. Avant même de construire la maison, il fallait s’assurer d’avoir un approvisionnement en eau fiable et la toiture pouvait ainsi être construite avant le reste du bâtiment.

II. Comment Travaille un Tavillonneur ?

Le processus commence par le choix du bon bois : idéalement un épicéa avec un fût élancé et un tronc lisse. Les tavillonneurs collaborent étroitement avec les gardes forestiers pour sélectionner les arbres à récolter. Ils vont avec eux dans la forêt à la fin de l’été pour marquer les arbres qui les intéressent, puis, à l’automne, quand la sève est redescendue, les arbres sont récoltés.

En hiver, les tavaillons sont fabriqués dans l’atelier : le bois est fendu à l’aide d’un départoir (qui ressemble à une petite hache) et d’un maillet en bois. Le bois doit être fendu, et non scié, le départoir est posé sur le bois et enfoncé, dans le sens du fil à l’aide du maillet. 

Allez regarder la vidéo à 17”03, on entend le bois craquer en se séparant, c’est très satisfaisant !

Choix du bois

Le tavillonneur et le garde forestier (extrait reportage)

Le tavillonneur fend le bois (extrait reportage)

Au printemps, quand tous les tavaillons sont prêts, commence la phase de chantiers. Le tavillonneur pose les bardeaux sur les toitures ou façades du mois d’avril à novembre. Chaque tavaillon est posé à la main, un à un. Leur petite taille permet de parfaitement s’adapter à la forme du toit.

Le tavillonneur du reportage dit cette phrase qui m’a touchée (7”54) : “il faut avoir les yeux au bout des doigts pour sentir la matière pour faire ce travail”.

III. Pose et Longévité

La pose des tavaillons est un processus minutieux et précis. Les plaques de bois sont clouées les unes sur les autres en couches superposées. Chaque tavaillon fait entre 5 et 7 mm et est recouvert 3 fois en latéral et 4 fois en vertical, formant une couverture d’environ 10 à 12 cm d’épaisseur.

Toit en tavaillons

La pose des tavaillons sur le toit (extrait reportage)

Tavaillon cloué

Les tavaillons sont cloués (extrait reportage)

Cette méthode assure une excellente protection contre les intempéries. Le bois est aussi un matériau avec un bien meilleur déphasage que la terre cuite de nos tuiles (temps que met la chaleur à se propager d’un côté à l’autre du matériau).

Un toit en tavaillons dure en moyenne 40 ans, et lorsqu’ils sont posés à la verticale sur une façade, ils peuvent atteindre une longévité de 100 ans.

La robustesse et la durabilité des tavaillons en font un choix privilégié, même dans les constructions modernes. Chaque toit en tavaillons perpétue un savoir-faire ancestral, tout en offrant une performance fiable et durable.

IV. Le tavaillon En Architecture Traditionnelle et Contemporaine

Bien que le tavaillon soit une technique ancestrale, il connaît aujourd’hui un renouveau dans l’architecture contemporaine. Des projets modernes intègrent cette méthode traditionnelle pour allier charme rustique et exigences contemporaines. Comme on le disais juste avant, il peut être placé à la fois en toiture et en façade : on voit même des projets contemporains dans lesquels il utilisé seulement en façade.
Extension en bardeaux de chataigner – tristan brisard architecte

Sauna (norvege) – osloworks

Maison du parc du haut-jura – Tectoniques architectes

Maison en bardeaux – Stephan Maria Lang

Ces exemples démontrent que le tavaillon n’est pas seulement un vestige du passé, mais une technique vivante qui s’adapte et s’épanouit dans les projets modernes, apportant une touche authentique et durable aux constructions actuelles.

Conclusion

Le tavaillon est bien plus qu’une simple technique de couverture ; c’est un héritage culturel et un témoignage de savoir-faire artisanal qui continue de séduire par sa beauté et sa fonctionnalité. Que vous envisagiez de réhabiliter un bâtiment historique ou de créer un hébergement touristique unique, le tavaillon peut apporter une dimension authentique et durable à votre projet.

Si vous souhaitez en savoir plus sur cette technique ou avez un projet en tête, n’hésitez pas à me contacter. Je serais ravie de vous accompagner dans la réalisation de vos projets, en intégrant le charme intemporel du tavaillon à vos créations modernes.

Pour aller plus loin : 

Si vous avez 30 minutes devant vous et que vous êtes prêt(e)s à vous évader dans les Alpes Suisses, je vous recommande la vidéo “Secrets de tavillonneurs” (↙️ clic pour le lien) issue de l’émission “Passe-moi les jumelles” de la RTS 

Evie Lanthelme

Architecte à Chambéry
Architecte hôtel Savoie

Architecte à Chambéry, Savoie

Rénovations, extensions, aménagements intérieurs

Habitat, Hébergement touristique, Hôtellerie

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